Je débute pratiquement toujours mes conférences en posant cette question : quel mode d’exposition utilisez-vous ? Les réponses varient évidemment selon les groupes et surtout selon l’expérience des photographes. Plusieurs me répondent qu’ils font un choix selon les conditions d’éclairage et en fonction du temps de réaction qu’ils auront pour faire les ajustements.
J’ai photographié ce Bison d’Amérique lors d’un atelier photo à Yellowstone en septembre dernier. La température ayant refroidi pendant la nuit, un voile de brume recouvrait le parc. La lumière douce et la silhouette du bison me semblaient artistiques. J’ai confirmé l’exposition en m’assurant que la courbe du graphique était à droite, mais sans toucher le côté.
J’aurais pu obtenir un résultat similaire en surexposant légèrement de 1/3 à 2/3 en mode automatique.
300 mm f/2,8 ; 1/500, f/2,8, ISO 320, main levée.
Les modes programme et automatique :
En général, un faible pourcentage (10 à 15 %) utilise le mode programme et les modes automatiques représentés par les pictogrammes (sport, fleur, paysage, portait, etc..). Ces modes sont généralement utilisés par des débutants ou des gens qui n’ont pas nécessairement une grande compréhension de l’importance de l’exposition pour bien réussir leurs photos.
Pour certains, l’important est de capter la bonne fraction de seconde. Je suis tout à fait d’accord, mais il est aussi possible de prendre une photo qui présentera une lumière exceptionnelle et rendre le tout dans une image qui sera alors spectaculaire.
Le mode programme est limité, puisque l’appareil décidera pour vous quelle combinaison ouverture-vitesse il utilisera. Vous devez cependant choisir la valeur ISO. Il est possible de sélectionner une correction d’exposition, mais très peu d’utilisateurs le font.
Priorité ouverture ou vitesse :
La majorité des répondants (70 à 80 %) utilise les modes semi-automatiques priorité à l’ouverture ou à la vitesse. Ces modes permettent de sélectionner rapidement des combinaisons qui permettront d’obtenir une bonne exposition selon la teinte du sujet et les conditions de lumière.
Pour la priorité vitesse, vous sélectionnez une vitesse et une valeur ISO et votre boîtier sélectionnera l’ouverture afin d’obtenir la bonne quantité de lumière sur le capteur.
Dans le cas de la priorité ouverture, vous sélectionnez une ouverture et une valeur ISO et votre boîtier sélectionnera la vitesse afin d’obtenir l’exposition appropriée.
Pour la photo animalière, je vous conseille de privilégier la priorité à l’ouverture car vous aurez ainsi moins de surprises désagréables. Supposons que vous employez la priorité vitesse et sélectionnez une vitesse rapide comme 1/1000 sec lorsque vous entrez dans un boisé; la lumière y sera plus tamisée et si, par hasard, un nuage voile le soleil, vous pourriez ne plus avoir suffisamment de lumière pour atteindre la bonne exposition avec cette vitesse rapide. Vos photos se retrouveraient alors fortement sous-exposées.
En priorité ouverture, sous les mêmes conditions de lumière, si vous avez sélectionné une ouverture de f/5,6, la vitesse sera plus lente que souhaitée, mais vous avez tout de même une chance d’obtenir la bonne exposition, malgré le risque de flou de bougé (vitesse trop lente).
Dans les deux cas, même si vous utilisez un mode d’exposition semi-automatique, vous devez demeurer très vigilant et toujours porter une attention soutenue à la combinaison ouverture, vitesse et valeur ISO que vous employez. Cela est nécessaire pour obtenir des résultats valables.
Pour obtenir de meilleurs résultats, selon les conditions de lumière et selon la teinte des sujets que vous photographiez, vous devez aussi employer des corrections d’expositions. Elles sont essentielles pour conserver des détails dans les blancs et souvent ne pas trop boucher les noirs.
Dans le cas de cette photo de Cerf de Virginie que j’ai prise en bordure d’une route dans Portneuf, la courbe du graphique est située dans la colonne du centre. Le cerf et l’arrière-plan présentent des teintes de gris moyen.
Selon mon habitude, j’ai utilisé le mode manuel, mais j’aurais pu obtenir un résultat similaire en mode automatique sans employer de correction d’exposition puisque l’ensemble du sujet semble réfléchir environ 18 % de la lumière.
600 mm f/4 ; 1/400, f/5,6, ISO 320, sac de fenêtre.
Le mode manuel :
Le mode manuel est utilisé par un faible pourcentage de photographes (10 à 15 %), mais généralement privilégié par les photographes d’expérience qui préfèrent avoir le contrôle sur leur appareil plutôt que l’inverse.
Pendant quelques années, j’ai utilisé le mode priorité à l’ouverture pour la photo animalière. Après quelques déceptions, je suis revenu à mes premières amours, soit le mode manuel, que j’utilise essentiellement. Il demande plus de vigilance et de concentration, mais surtout une bonne compréhension de la lumière.
Le posemètre de votre appareil photo prend une lecture de lumière et rend une donnée pour le gris moyen (18 %). Lorsqu’il indique « 0 », il rend une donnée pour que le sujet soit gris. Si le sujet que vous photographiez est noir, vous n’obtiendrez pas un résultat concluant sans ajustement de l’exposition. Pour obtenir du noir, vous devez sous-exposer volontairement de deux crans (EV). Si le sujet que vous photographiez est blanc, vous devez surexposer d’un ou deux crans (EV) pour obtenir un sujet éclatant.
Cette photo d’un Orignal était plus difficile à bien exposer. Le sujet est sombre et une partie de l’arrière-plan est plus lumineux. Il était donc important de faire une correction d’exposition. En utilisant le mode manuel, il fallait confirmer l’exposition avec l’histogramme et de s’assurer que les pointes ne touchent ni à gauche ni à droite.
Dans un cas comme celui-ci, je vise à toujours bien exposer les hautes lumières. Je m’assure donc que la courbe ne touche pas à droite pour ne pas avoir de surexposition marquée, même si cela entraîne une sous-exposition du pelage.
70-200 mm f/2,8 ; 1/1000, f/2,8, ISO 320, main levée.
La lecture de l’histogramme :
Quelque soit le mode d’exposition utilisé, vous devez absolument comprendre le principe de l’histogramme. Lors de conférences, je suis toujours surpris de constater qu’un faible pourcentage de photographes utilisent ce graphique pour confirmer l’exposition. Pourtant, il s’agit là de l’un des avantages majeurs de l’époque numérique.
Le principe en est simple : la colonne centrale représente le gris moyen, la colonne de gauche représente le noir et la colonne de droite le blanc. Si le sujet que vous avez photographié est pâle, le graphique devrait être concentré à droite, mais pour conserver des détails dans les blancs, il ne doit pas toucher le côté droit. Si votre sujet est sombre, la courbe devrait être principalement à gauche sans trop toucher le côté.
Évidemment, en pratique, il est rare de photographier un sujet sombre sur fond sombre et un sujet pâle sur fond blanc. Le graphique est donc généralement étalé et peut présenter plusieurs pointes.
En mode semi ou complètement automatique, vous devriez aussi lire l’histogramme et appliquer une correction d’exposition afin que la courbe ne touche plus à droite ou à gauche. Évidemment, pour une photo en contre-jour où le soleil est apparent, il serait normal que la courbe touche à droite. Il est important de bien comprendre le principe afin d’appliquer les corrections ou les ajustements requis pour obtenir la juste exposition.
Peu importe le mode d’exposition utilisé, il est fondamental de comprendre le principe de la gestion de la lumière et de ne pas toujours se fier à son ordinateur pour corriger l’exposition. Il est beaucoup plus gratifiant de bien exposer à la prise de vue. Cela vous laissera plus de temps pour prendre des photos plutôt que de passer une éternité à votre ordinateur.
Bonne photo !
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