L’hiver est à nos portes et la nature nous réserve de magnifiques occasions de photos. Pourtant, plusieurs photographes rangent leurs appareils photo de crainte que ceux-ci ne soient altérés par le froid.
Pendant près de 15 ans, j’ai fait des photos de compétitions et de courses de ski et mon matériel photo a été exposé à des intempéries plutôt intenses. Si vous prenez quelques précautions d’usage, votre matériel sera en sécurité. L’important est de penser à essuyer votre matériel si celui-ci a reçu de la neige, à ne pas le déposer directement sur le sol gelé pour épargner au boîtier un froid trop intense et surtout à éviter les chocs thermiques.
Les chocs thermiques sont causés par les changements trop brusques de température. Éviter de placer votre appareil dans votre manteau ou dans un endroit surchauffé tel un véhicule et de le ressortir au froid. De plus, évitez de transférer votre materiel (s’il est non protégé) du froid à un endroit chaud et humide, ce qui pourrait causer une condensation et de la buée indésirable sur l’optique ou dans le viseur et nuire à l’étanchéité du matériel. Assurez-vous aussi d’avoir des piles de rechange pour terminer la journée.
Lors d’une tempête durant l’hiver 2012, j’ai aperçu deux chevaux dans la neige. Ils étaient côte à côte, mais ils regardaient dans des directions opposées. J’ai attendu le moment où ils se sont séparés pour capter cette fraction de seconde qui illustre aussi assez bien les rigueurs du climat québécois.
Pour amplifier l’effet des gros flocons qui tombaient avec légèreté, j’ai sélectionné une vitesse de 1/200mm. J’avais précédemment fait une photo en vitesse lente pour illustrer le blizzard.
Lorsque la neige est aussi dense, il est possible que l’autofocus de votre boîtier ne soit plus en mesure de faire la mise au point. J’ai vécu cette situation lors de l’atelier que j’ai récemment animé à Yellowstone. L’idéal est alors de faire la mise au point manuellement en débrayant la fonction autofocus.
Pour cette photo, j’ai fait la mise au point sur le cheval en utilisant le collimateur central et en tenant le bouton de mise au point enfoncé à mi-course, puis j’ai cadré la photo pour obtenir cette composition.
70-200mm f/4 @ 200mm ; 1/200 sec, f/5,6, ISO 100, main levée.
De plus, si votre appareil est tropicalisé (étanche aux éclaboussures d’eau), vous ne devriez pas avoir de problème à l’utiliser l’hiver. Par contre, j’ai toujours pris la précaution de ne pas utiliser la pleine puissance du chauffage de mon véhicule lorsque j’effectue des déplacements entre les prises de vue.
En pleine tempête :
Lorsque la tempête souffle à l’extérieur, j’entends souvent l’appel de la nature et les résultats sont souvent exceptionnels. Comme je demeure à la campagne et que j’ai une cache permanente installée dans mon jardin, j’ai la possibilité de réaliser des photos d’oiseaux sans prendre la route. Malgré tout, chaque hiver, lors de chutes intenses de neige, je sillonne les rangs de campagne près de chez moi à la recherche d’images illustrant notre hiver québécois.
Pare-soleil :
Quelle que soit l’intensité des chutes de neige, j’utilise toujours un pare-soleil sur mes optiques. Ce conseil semble anodin mais il est important, puisqu’il protégera vos objectifs contre le dépôt de neige ou de pluie sur le verre frontal et vous évitera des reflets désagréables.
La direction du vent :
Même avec un pare-soleil, je vérifie toujours la direction du vent. J’évite d’être face au vent car il n’y a alors aucun moyen pour protéger le verre frontal. Malgré ces précautions, je vérifie régulièrement que ce dernier est impeccable, surtout lorsque je me déplace. En marchant, il est possible que j’oublie la direction du vent et que de la neige se dépose sur l’optique.
Linge pour essuyer :
Lors de conditions climatiques difficiles, j’ai toujours sur moi un linge pour essuyer le verre frontal. Avant de l’utiliser, je confirme qu’il n’y a pas de particules indésirables sur l’optique. Avant de sortir dans ces conditions, j’utilise une canette d’air sous pression pour éliminer les poussières et je nettoie l’optique avec un produit spécialisé.
Filtre de protection :
Pour la photo d’oiseaux, j’utilise soit un objectif de 300mm, un 500mm ou un 600mm selon les conditions de prise de vue. Sur ces puissantes optiques, il n’y a pas de filtre de protection pour le verre frontal. Vous devez donc être prévenant pour le protéger.
Sur les optiques que j’utilise pour la photo de paysage, il est possible de fixer un filtre de protection UV, mais personnellement, je ne le fais pas pour éviter une perte de qualité. Si vous décidez d’utiliser de tels filtres, je vous conseille toutefois de choisir un filtre de très haute qualité pour protéger vos optiques. Il n’est pas logique de payer plusieurs centaines, voire quelques milliers de dollars pour une optique et de la protéger avec un filtre à 50,00 $ qui en diminuera le rendu.
Filtre polarisant :
En photo de paysage, j’utilise un filtre polarisant pour plus de 75% de mes photos. Par contre, lors de chutes intenses de neige, ce filtre pourrait teinter les images en bleu, ce qui est beaucoup moins esthétique. Pour rendre l’effet de la neige et de sa blancheur, je vous recommande de ne pas l’utiliser.
Filtre neutre graduel :
J’utilise des filtres graduels pour la majorité de mes photos de paysages, mais en conditions de chute de neige très forte, je préfère m’en abstenir. La lumière est généralement plus douce dans ces conditions et la neige qui risque de s’y déposer pourrait créer des effets indésirables. S’il n’y a pas de vent et que je suis en contre-jour, le filtre pourrait se révéler essentiel. J’utiliserai alors un parapluie de golf qui est surdimensionné pour éviter la neige ou la pluie.
Pour cette photo de Cardinal rouge mâle, le flash était légèrement trop puissant et il est moins discret. Les flocons sont plus éclairés que sur la photo de Tourterelle, mais l’atmosphère demeure tout de même intéressante.
Pour obtenir un meilleur rendu, j’aurais dû augmenter la valeur ISO de 2/3 de cran (à 640 plutôt qu’à 400) et diminuer la puissance de flash (à -3 plutôt qu’à -2).
Avec ces ajustements, le plumage aurait été beaucoup plus terne. Comme je le répète souvent, la photo est une histoire de compromis et j’ai choisi l’éclat du plumage.
600mm f/4 + 1,4x ; 1/640 sec, f/5,6, ISO 400, flash -2 crans, Better Beamer, trépied.
L’exposition :
Peu importe le sujet, oiseau ou paysage, je privilégie le mode d’exposition manuel pour éviter les erreurs de lecture du posemètre. Je vérifie toujours l’exposition par une bonne compréhension de l’histogramme.
Pour les oiseaux, je sélectionne généralement une valeur ISO élevée pour utiliser une vitesse suffisamment rapide pour ne pas obtenir de flou de bougé.
Pour la photo de paysage, je choisis généralement une valeur ISO plus basse puisque la vitesse est souvent moins importante et que j’aime bien avoir la possibilité d’imprimer ces photos en grand format.
L’utilisation du flash :
Selon les conditions de prise de vue, il est possible que j’utilise le flash pour augmenter l’éclat du plumage des oiseaux. Pour éviter que la neige ne soit trop éclairée, je diminue la puissance de celui-ci au minimum, soit à – 3 crans. Sous ces conditions climatiques, le flash ne doit pas être la source de lumière principale mais seulement un ajout léger pour déboucher les ombres.
Lors de conditions climatiques difficiles, les oiseaux ont besoin de plus de nourriture pour combattre le froid. Si vous avez des mangeoires chez vous, vous avez sûrement remarqué l’activité intense des jours de tempête. Vous serez alors en mesure de réussir de bonnes photos, mais prenez aussi soin de ne pas les empêcher de se nourrir.
Comme la lumière était tamisée par la chute de neige, j’ai utilisé une valeur ISO de 640 pour équilibrer l’exposition. L’effet de tempête est bien rendu grâce à une juste exposition.
J’ai utilisé cette photo pour le chapitre sur l’hiver dans mon livre : “Les oiseaux du jardin”; elle illustre bien les difficultés que doivent traverser les oiseaux pour survivre sur notre territoire.
600mm f/4 ; 1/500 sec, f/5,6, ISO 640, flash -3 crans, Better Beamer, trépied.
Si les conditions climatiques, la lumière et le sujet sont présents, n’hésitez pas faire des photos !! Sinon, vous pourriez être hanté par leur absence pendant des années.
Bonne photo !
BELTRANDO dit
Je les trouve fabuleuses ! Tout y est ! Le must pour moi …
Un grand merci de nous faire partager ces moments suspendus !
Daniel Dupont dit
Merci pour votre bon commentaire.
Daniel Dupont dit
Merci beaucoup.