Une grande majorité des photographes amateurs photographiant les oiseaux utilisent les modes d’exposition semi-automatique (priorité à l’ouverture ou à la vitesse). Pour ceux-ci le mode d’analyse de la lumière employé est primordiale afin d’obtenir de bons résultats. Selon le boîtier que vous utilisez, vous devriez avoir accès à 4 ou 5 modes de mesure de la lumière. La plus part d’entre eux tiennent compte de l’ensemble de la lumière et en feront une moyenne qui variera selon le mode sélectionné.
Le mode spot
Il est fréquent lors de conférence ou d’atelier photo que les gens me répondent qu’ils n’ont aucun problème d’exposition puisqu’ils utilisent le mode spot. Pour être en mesure d’obtenir des résultats adéquats avec ce mode, vous devez absolument comprende le principe du système des zones.
Le pose-mètre de votre boîtier évalue la lumière et rends des données pour obtenir du gris moyen (18 %). Pour que le mode spot soir efficace, vous devez pointer le collimateur du centre (2,3 %) de votre caméra sur un objet qui s’approche du gris moyen (ou une carte grise) pour obtenir une lecture précise. Vous pourriez par exemple visé le plumage gris d’un Bihoreau ou d’un Mésangeai du Canada.
Par la suite, vous devez être en mesure d’évaluer la couleur de l’oiseaux que vous photographier pour connaître la correction d’exposition a appliquer pour obtenir la juste exposition. Pour obtenir de bons résultats en mode spot, vous devez absolument maîtriser les principes du système des zones qui est relativement complexe. Si vous ne visez pas un sujet en gris moyen, il est inutile d’utiliser ce mode d’exposition, surtout si vous n’êtes pas en mesure d’évaluer le pourcentage de réflexion de la lumière sur le sujet.
Le mode évaluative
Selon les expériences que j’ai fais, le mode d’analyse de lumière qui est le plus précis est le mode évaluative. Les résultats obtenu avec ce mode est celui qui s’approche le plus de l’image de référence prise en mode manuel d’exposition.
La démonstration
Pour illustrer les différences, j’ai fait une série d’expositions de la même image prise en mode d’exposition priorité à l’ouverture. J’ai sélectionné les divers modes d’analyse de la lumière afin d’en illustrer les différences importantes tout en gardant le même cadrage. Pour chacune des photos, la seule variante est la vitesse d’obturation. La valeur ISO et l’ouverture n’ont pas varié. Pour éliminer une variante, je n’ai pas utilisé de flash pour cette série.
Mesure évaluative et mode manuel :
La première photo que je vous présente est mon image de référence. J’ai pris cette photo en mode manuel d’exposition et j’ai confirmé l’exposition par la lecture de l’histogramme.
600mm + 1,4x ; 1/1000 sec, f/5,6, ISO 200, trépied.
Mesure évaluative
Il s’agit d’un mode très polyvalent de mesure de la lumière qui vous permet de réussir dans la majorité des situations. Il intègre les données de lumière de l’ensemble de l’image et priorise la zone de mise au point. J’utilise généralement ce mode en photo d’oiseaux puisqu’il offre selon moi la meilleure analyse de lumière.
Ce mode d’analyse de lumière s’est le plus rapproché du résultat obtenu en mode manuel. Pour obtenir le même résultat que la photo de référence, j’aurais dû appliquer une correction d’exposition de + 1/3.
600mm + 1,4x ; 1/1250 sec, f/5,6, ISO 200, trépied.
Mesure sélective
La mesure sélective et la mesure à prépondérance centrale ont obtenu les mêmes valeurs d’analyse. Pour obtenir le résultat de la photo de référence, j’aurais dû appliquer une correction d’exposition de + 1.
La lumière sélective est très utile lorsque l’arrière-plan est lumineux. Dans le cas des boîtiers Canon, il couvre environ 9,4 % du viseur.
La mesure Mesure moyenne à prépondérance centrale est pondérée au centre et une moyenne est faite pour l’ensemble de la scène. Celle-ci est utile lorsque vous photographiez un sujet bien dégagé et uniformément éclairé.
600mm + 1,4x ; 1/2000 sec, f/5,6, ISO 200, trépied.
Mesure spot
La mesure est effectuée au centre et l’appareil évalue la lumière sur environ 2,3 % du viseur. Je vous suggère d’utiliser ce mode lorsque vous faites des photos à contre-jour d’un oiseaux relativement sombre ou s’approchant du gris moyen.
Vous allez alors obtenir l’évaluation de la lumière qui éclaire votre sujet et cette mesure ne sera pas affectée par la luminosité qui provient de l’arrière et du pourtour du sujet.
Cette mesure est celle qui diffère le plus de la photo de référence. Pour obtenir le même résultat, j’aurais dû appliquer une correction d’exposition de + 1 1/3, ce qui est tout de même très éloigné du résultat en mode manuel.
600mm + 1,4x ; 1/2500 sec, f/5,6, ISO 200, trépied.
Bonne photo !
Richard Tellier dit
Bonjour M. Dupont,
Vos chroniques et votre expertise sont bien appréciés. Toutefois, je constate dans les nombreux échanges avec les photographes animaliers que beaucoup d’entres-eux travaillent avec un ISO en position automatique pour les oiseaux.
Leurs arguments avancés est que les conditions sont parfois rapidement changeantes et ceci évite de changer constamment nos réglages en pleine action. Je constate qu’il y a des divergences d’opinion en ce qui a trait à l’usage d’un ISO automatique.
Plusieurs l’utilisent mais sont incapables techniquement de m’expliquer le pour et le contre. Une petite chronique dans vos prochains courriels serait très appréciée. Bonne soirée et félicitations pour votre beau travail!
Daniel Dupont dit
Bonjour Monsieur Tellier, c’est effectivement un très bon choix de chronique et j’aborde cet élément dans les cours : Comprendre et saisir la lumière I et II. La raison pour laquelle vous ne devriez jamais utiliser l’ISO automatique est simple, le posemètre de votre boîtier vous donnera alors toujours des ajustements pour le gris moyen, mais les sujets sont rarement du gris moyen.
Avec l’ISO automatique, c’est l’équivalent de travailler en mode d’exposition priorité à l’ouverture ou à la vitesse. Vous devriez alors appliquer une correction d’exposition à chacune de vos photos en fonction de la réflexion de la lumière sur le sujet. C’est beaucoup plus simple d’exposer en mode complètement manuel et d’exposer pour la lumière. J’ai réalisé près de 75 000 photos cette année qui sont toutes exposées en mode manuel, peu importe l’environnement de prise de vue. L’important est de voir les variations de lumière et d’effectuer les changements d’ajustement de l’exposition plutôt que de tenter de récupérer les photos sur l’ordinateur.