Depuis plusieurs années, il est possible de faire l’achat d’objectifs stabilisés (IS pour Canon et VR pour Nikon). Ceux-ci peuvent être utiles selon les conditions de prise de vue, mais la majorité des photographes ne comprennent pas bien l’utilisation de cette fonction.
Je vois souvent des publicités vanter l’importance de la stabilisation. Certaines publicités promettent même qu’avec son utilisation, vous n’aurez plus de photos floues. La réalité est toute autre! La stabilisation ne peut qu’éliminer vos mouvements lors d’une prise de vue en vitesse lente mais elle ne peut jamais figer un sujet qui se déplace.
Lors d’ateliers photo, plusieurs participants sont étonnés que je ne leur recommande pas d’utiliser cette fonction. Pour ma part, je l’utilise pour moins de 2 % des photos que je prends annuellement.
300mm f/2,8 + 1,4x ; 1/2000, f/9, ISO 400, main levée
J’étais sur un bateau lorsque j’ai photographié ce Fou de Bassan prenant son envol. Malgré la houle, je n’ai pas utilisé la stabilisation puisque j’employais une vitesse de 1/2000 sec qui est suffisamment rapide pour figer l’action.
Le principe :
Le principe de la stabilisation est relativement simple : un gyroscope intégré soit à l’objectif (pour la majorité des systèmes) ou au boîtier (Sony, Pentax) contrebalance les mouvements que vous pourriez créer lors de la prise de vue en vitesse lente.
L’utilisation :
Lorsque vous utilisez une vitesse rapide, vous ne créez aucun mouvement et la stabilisation n’est pas utile. De plus, de par sa conception et sa réalisation, la stabilisation n’est pas efficace à des vitesses plus rapides que 1/500 sec. Pour ma part, lorsque j’utilise une vitesse plus rapide que la longueur focale, je n’utilise pas la stabilisation. À titre d’exemple, je n’utilise pas la stabilisation pour un 500mm si j’utilise une vitesse égale ou supérieure à 1/500 sec.
Avantage :
La stabilisation peut être intéressante lorsque vous voyagez et que vous n’êtes pas en mesure de transporter un trépied dû à la limite de poids de vos bagages. Cette fonction peut être utile lorsque vous photographiez une scène fixe en basse lumière, comme l’intérieur d’une église ou d’un musée, ou sous une strate arbustive très dense alors que la lumière est très faible dans le boisé.
Elle peut aussi être utile dans des conditions d’instabilité telles la houle sur un bateau ou un pont ou un quai flottant. Cependant, si le sujet photographié est en mouvement, vous seriez plus avisé d’employer une vitesse rapide pour le figer et alors la stabilisation ne sera plus nécessaire.
Désavantage :
Selon mon expérience, j’ai souvent eu l’impression que la stabilisation ralentit légèrement la vitesse de mise au point. Pour un sujet fixe, cela n’a aucune importance, mais pour un oiseau en vol rapide, cela peut faire la différence entre une photo réussie et un échec.
Elle est aussi énergivore et lors de froides journées hivernales, vous remarquerez que vos piles sont fortement sollicitées.
En raison de ces deux points, je préfère ne l’employer que lorsqu’elle sera vraiment utile !
Les performances :
Depuis quelques années, les systèmes de stabilisation ont été améliorés et ceux-ci peuvent être efficaces jusqu’à 3-4 valeurs plus lentes que la longueur focale de l’objectif. Si vous utilisez un objectif à 100mm, il est possible, en employant la stabilisation, de photographier un sujet fixe à une vitesse de 1/12 sec qui représente trois valeurs plus lentes que le 1/100 sec recommandé. J’insiste sur l’importance du sujet fixe. Si votre sujet est en mouvement, vous obtiendrez un résultat plus ou moins acceptable qui n’est peut-être pas ce que vous recherchez.
Malgré les performances annoncées, je serais plus conservateur et je m’abstiendrais d’employer des vitesses plus lentes que 2 valeurs. Pour le 100mm, je me limiterais à une vitesse de 1/25 sec pour être certain que l’image soit bien nette.
500mm f/4 ; 1/500, f/4, ISO 400, main levée, stabilisation
J‘ai photographié ce Mouflon d’Amérique en bordure d’une route à Yellowstone à l’automne dernier. Soutenir un 500mm f/4 à main levée demande une certaine force physique et après 45 secondes, j’avais moins de stabilité. Comme je travaillais à une vitesse de 1/500 sec, j’ai donc préféré utiliser la stabilisation pour éviter les mouvements que je pouvais créer.
Le mouflon s’est déplacé lentement pendant quelques minutes ; le léger ralentissement de la vitesse de mise au point n’a pas été un facteur important.
Les modes de stabilisation :
En fonction des conditions auxquelles vous êtes confronté, la majorité des compagnies offrent deux modes de stabilisation. Je vous suggère de vous référer au mode d’emploi fourni avec votre optique pour déterminer lequel utiliser selon les conditions de prise de vue.
En général, un des modes est utile pour éliminer les mouvements hauts-bas, telle la houle sur un bateau. Le second mode est utilisé pour les mouvements latéraux, lorsque vous tentez de créer un filé en suivant un sujet en mouvement. L’arrière-plan sera alors flou et le sujet pourrait, selon votre expérience, être net. Cette technique demande beaucoup de pratique, mais les photos peuvent être spectaculaires.
L’utilisation du trépied :
Lorsque vous utilisez un trépied, je vous recommande de ne pas employer la stabilisation au risque de créer des photos n’offrant pas le piqué optimal. Plus le temps d’exposition sera long, plus vos photos prises sur trépied seront floues. En fait, la fonction tentera d’éliminer un mouvement qui est inexistant et créera malheureusement l’effet contraire, un léger flou de bougé.
La photo de paysage :
Pour ma part, je préfère employer un trépied pour la photo de paysage. Je le considère essentiel, surtout pour employer une vitesse lente de quelques secondes pour créer un effet de filé important sur l’eau.
Par contre, si les conditions sont extrêmes, ou que je tente de créer un effet artistique, j’utiliserai alors la stabilisation.
70-200mm f/4 ; 1/40, f/8, ISO 100, main levée, stabilisation
Lorsque j’ai pris cette photo, je voulais rendre l’atmosphère d’un blizzard. La tempête étant intense, le vent était trop violent pour me permettre d’utiliser un trépied à l’extérieur.
Je suis donc demeuré dans la voiture et j’ai pris appui sur mon siège en utilisant la stabilisation. La vitesse étant plus lente que la longueur focale de l’objectif (138mm), la stabilisation était essentielle pour obtenir une image artistique. Le filé de la neige rend bien l’impression de blizzard.
La photo d’oiseaux :
J’utilise très rarement la stabilisation en photo d’oiseau car je préfère sélectionner une vitesse plus rapide pour bien figer mes sujets. Dernièrement, lors d’un cours théorique, un participant me demandait si sa photo aurait été meilleure en employant cette fonction. Puisque la vitesse employée était rapide, elle n’aurait eu aucun impact sur l’image.
La photo animalière :
Selon les conditions de lumière, je pourrais utiliser la stabilisation si le sujet est à l’arrêt. Je pourrais aussi tenter de créer une photo partiellement floue si un troupeau est en mouvement rapide et que je tente un filé de suivi.
En résumé, la stabilisation ne peut figer un sujet en mouvement et elle n’est utile que lorsque vous employez des vitesses lentes (relativement à la longueur focale). Je vous recommande son emploi de façon ponctuelle selon les conditions de prise de vue.
Bonne photo !
Laisser un commentaire