Le début de l’automne est une saison appréciée des photographes d’oiseaux, puisqu’il signifie le retour des Limicoles. De nombreuses espèces de rivage seront présentes tout au long du Saint-Laurent et plusieurs d’entre elles sont relativement faciles d’approche.

Pluvier semipalmé
600mm f/4 + 1,4x; 1/500 sec, f/7,1, ISO 125
Flash et Better Beamer
Trépied Gitzo et tête Wimberley
Photo: Daniel Dupont
Lorsque j’ai aperçu ce Pluvier semipalmé que se déplaçait entre les flaques d’eau et que la marée dirigeait vers moi, j’ai immédiatement constaté le potentiel de réflexion. Celui-ci se déplaçait lentement en suivant un parcours relativement erratique. Après l’avoir observé quelques instants, j’ai anticipé son prochain déplacement et me suis positionné pour l’intercepter s’il passait sur une mince ligne rocheuse entre deux flaques d’eau. Heureusement, il s’est déplacé dans ma direction et s’est soudainement penché pour capturer une proie.
Le fait d’anticiper son déplacement m’a permis de capter cette photo; cependant, s’il avait pris une autre direction, je n’aurais eu aucune photo. Dans ce genre de situation, je préfère prendre la chance d’avoir une photo mémorable plutôt que d’avoir une photo plutôt banale.
Techniques d’approche
Pour faire l’approche des limicoles, l’idéal est de les laisser s’approcher de vous et pour ce faire, la nature pourrait vous aider. Généralement, lorsque je fréquente les secteurs où la marée est présente, j’attends que l’eau monte et repousse les oiseaux vers moi, plutôt que de tenter de les approcher.
Évidemment, si vous êtes dans la région de Montréal ou en bordure d’une rivière ou d’un lac, cette technique ne peut être efficace. Il vous faut donc faire une approche lente et indirecte. Je préfère alors avancer en diagonale pour éviter que les oiseaux ne soit apeurés.
Des photos qui se démarquent
Plusieurs photographes arpenteront donc les bordures de plans d’eau et, pour que vos photos se démarquent, il est important que vous développiez votre propre vision. Pour ma part, lorsque je photographie près d’un plan d’eau et que les conditions climatiques s’y prêtent, j’aime beaucoup inclure des réflexions.
Si le ciel est couvert ou que le vent est trop fort, l’obtention d’une réflexion intéressante devient plus difficile. Mais, si le soleil est de la partie et que l’eau est calme, je planifie généralement mon approche en fonction des réflexions potentielles.
La réflexion du paysage
La réflexion qui semble la plus simple à capter est celle d’un paysage qui pourrait colorer l’eau. Pour ce faire, je prends toujours le temps d’observer l’arrière-plan et le potentiel artistique qu’il pourrait receler. Cette réflexion semble simple à photographier, mais puisque nous ne contrôlons pas nos sujets, il peut être difficile d’inclure l’oiseau et la réflexion dans le même cadrage. Le facteur chance joue une part indéniable dans l’équation.

Tournepierre à collier
600mm f/4 + 1,4x; 1/1600 sec, f/5,6, ISO 250
Flash et Better Beamer
Trépied Gitzo et tête Wimberley
Photo: Daniel Dupont
Ce Tournepierre à collier se déplaçait sur une plage de sable. Plutôt que de tenter de le photographier à cet instant, j’ai préféré me positionner plus loin et attendre qu’il traverse une flaque d’eau. La réflexion de l’environnement est beaucoup plus intéressante qu’un arrière-plan de sable. Puisqu’il y avait des éléments dans l’eau, j’avais évalué que la possibilité d’obtenir une réflexion parfaite était pratiquement impossible. J’ai donc préféré positionner mon trépied très bas, ce qui m’a tout de même permis de capter une réflexion partielle de l’oiseau.
La hauteur de la prise de vue
Lorsque je photographie des limicoles ou des oiseaux de marais, j’ai tendance à positionner mon trépied le plus bas possible, voire même placer l’objectif sur un minuscule support posé directement au sol. Ce positionnement a pour effet de diminuer l’impact de l’arrière-plan. Cela offre une perspective différente et beaucoup plus attrayante. Cette position basse est peut être appropriée pour capter une réflexion de l’environnement, mais demeure incompatible si vous désirez capter la réflexion de votre sujet.
La réflexion du sujet
Capter la réflexion parfaite d’un oiseau dans l’eau est beaucoup plus difficile à réaliser et demande beaucoup d’observation et une certaine dose de chance. Il ne doit idéalement pas y avoir de vent, pour que l’eau offre une zone de réflexion parfaite. J’ai obtenu de meilleurs résultats en eau peu profonde car le vent a alors moins de chance de créer des rides sur l’eau. Il est aussi fort utile d’utiliser une profondeur de champ assez grande afin que la réflexion soit plus nette.
L’utilisation du trépied
Pour réussir ce genre de réflexion, il me semble essentiel d’utiliser un trépied. Celui-ci permet d’attendre sans bouger et d’être toujours paré au déclenchement. Je suis habituellement en mesure de photographier à main levée, surtout depuis que j’utilise un objectif 500mm f/4 qui est beaucoup moins lourd que le 600mm f/4 que j’ai utilisé pendant de nombreuses années. Je considère néanmoins le trépied comme incontournable car il permet de maintenir le cadrage sur votre sujet en attendant le moment optimal pour le déclenchement, ce qui est essentiel pour capter une réflexion.
À main levée, même en utilisant un objectif relativement léger comme un 300mm f/4 couplé à un multiplicateur 1,4x, il est impossible, pour la majorité des photographes, de maintenir le cadrage pendant plusieurs minutes. Vous devrez inévitablement déposer l’appareil pour vous reposer et en vous repositionnant pour le cadrage, vous pourriez faire fuir vos sujets.
Positionner votre trépied
Pour obtenir de bons résultats avec ce type de réflexion, il faut dans un premier temps positionner le trépied assez haut. Si le trépied est au niveau du sol, l’angle de prise de vue ne sera pas suffisant pour capter une réflexion complète. S’il est trop haut, le rendu artistique de l’image sera altéré et vous pourriez apeurer les oiseaux qui seront moins enclins à vous laissez approcher.
Pour obtenir une position idéale, je n’allonge pas les pattes de mon trépied, ce qui situe la hauteur de mon matériel à environ un mètre du sol. J’effectue alors la prise de vue à genoux. Pour plus de confort, j’utilise souvent des protèges genoux vendus pour les installateurs de couvre plancher. Ils sont disponibles dans les magasins de matériaux de construction.
Si, à cette hauteur, la réflexion ne semble pas suffisamment intéressante, j’allonge la première série de pattes, ce qui situe mon appareil photo à environ 1,5 mètre du sol. L’important est de voir la réflexion lorsque vous êtes en position pour prendre la photo. Le plus simple est de se pencher pour voir la réflexion et par la suite ajuster la hauteur des pattes à cette position.
Le rendu artistique
En résumé, réussir à capter une réflexion complète d’un oiseau est complexe, mais le résultat offre un rendu artistique indéniable. Je vous invite à relever le défi en cette fin d’été et d’ainsi améliorer vos photos !
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