Malheureusement, dans le cas de plusieurs photographes, l’arrivée prochaine de l’hiver implique l’arrêt de leur passe-temps préféré. Pourtant, l’hiver est une magnifique saison pour photographier les oiseaux, mais il faut connaître leur comportement pour être en mesure de mieux les localiser.
J’ai souvent entendu des gens supposer que leur appareil photo ne serait pas en mesure de résister à la froide météo hivernale du Québec. Pour ma part, j’utilise des boîtiers numériques depuis janvier 2000 et je ne peux que constater l’amélioration de leur performance.
Lorsque j’ai fait cette prise de vue, il y avait plusieurs personnes autour de moi, mais la majorité s’est déplacée à l’endroit où il y en avait le plus d’oiseaux. J’ai plutôt préféré demeurer dans un secteur où les jaseurs étaient moins nombreux, mais où l’arrière-plan était beaucoup plus esthétique. Je préfère toujours la qualité artistique du rendu à la quantité de photos captées.
600mm ; 1/1250 sec, f6,3, ISO 320, flash et Better Beamer, trépied.
Les premières générations de boîtiers numériques que j’ai utilisés étaient effectivement peu résistants et la faible puissance de leur pile causait problème. Je me souviens d’une époque où je n’étais pas en mesure de faire plus de 75 photos avec une pile si le mercure descendait sous – 10 °C.
À la suite de débuts hésitants, l’ensemble des compagnies d’appareils photo ont amélioré leurs produits et il est maintenant possible de faire plus de 500 photos avec une pile par une température de – 15 °C. Malgré tout, j’ai toujours avec moi des piles de rechange pour le boîtier et le flash.
Le visionnement prolongé des photos sur l’écran arrière du boîtier à une incidence majeure sur la durée de la pile. Comme je considère très important de confirmer régulièrement l’exposition des photos par le visionnement de l’histogramme, la pile est plus fortement sollicitée. J’ai généralement plus d’une pile dans les poches intérieures de mes vêtements hivernaux.
Le Jaseur boréal :
J’ai emménagé à la campagne en 1993 et je pratique la photo d’oiseaux depuis cette époque. Pratiquement chaque hiver, je photographie le magnifique Jaseur boréal dans mon jardin. Il y est attiré par les Pommetiers de l’essence « Profusion » que j’y ai plantés il y a une vingtaine d’années. Cette essence ne perd pas ses fruits pendant l’hiver. Je repère les Jaseurs boréaux le plus souvent au chant car leur trille est caractéristique de l’espèce et permet de les localiser assez facilement.
Son ancien nom “Jaseur de Bohème” décrit très bien ses moeurs erratiques. Il peut être présent sur votre terrain une journée et absent le lendemain. Il est généralement présent en bandes plus ou moins nombreuses. En février dernier, une dizaine d’individus sont demeurés chez moi pendant quelques jours, le temps de gober la majorité des pommettes disponibles.
Le positionnement sur le terrain :
Lorsque je fais des photos dans des parcs publics, j’ai souvent constaté que beaucoup de photographes n’analysent pas le comportement des oiseaux avant de les photographier. Pour ma part, j’observe leur comportement avant de choisir l’endroit où je me positionnerai. Je choisis rarement l’endroit où les oiseaux sont concentrés dans les arbres. Lorsqu’il y a une grande concentration d’oiseaux, il est fréquent que l’un d’eux apparaisse en arrière-plan, ce qui est généralement moins esthétique.
Généralement, je repère une branche isolée chargée de fruits qui est évidemment à proximité du groupe, en attendant qu’un oiseau s’y pose pour s’y alimenter. Cette technique ne fonctionne évidemment pas à toutes les fois, mais je préfère ne pas avoir de photos que d’avoir des photos de jaseurs enchevêtrés dans les branches.
Dans ce cas, peu importe la direction dans laquelle l’oiseau se déplace, la quantité de lumière sur celui-ci demeurera la même. Pourtant, si j’utilise les modes semi-automatiques (priorité à l’ouverture ou priorité à la vitesse), le pose-mètre prendra en compte la réflexion de lumière sur l’arrière-plan et ajustera l’exposition en fonction de ces données. Pour avoir un contrôle et une stabilité d’exposition, j’utilise toujours le mode manuel.
600mm ; 1/1600 sec, f5,6, ISO 250, flash et Better Beamer, trépied.
Connaître leur comportement :
Les Jaseurs boréaux se déplacent fréquemment de branche en branche lorsqu’ils s’alimentent. Ils saisissent un fruit et tirent dessus pour ensuite le gober. Pendant le processus, ils peuvent échapper des fruits au sol. Après avoir dégagé la pommette de l’arbre, ils peuvent la frotter sur une branche pour tenter de rompre le pédoncule (tige qui lie le fruit à la branche) qu’ils ne souhaitent pas avaler.
Toute cette opération pour dégager les fruits offre de magnifiques opportunités de photo. Si le fruit est trop gros, l’oiseau aura de la difficulté à le gober. C’est alors que le fruit peut être involontairement projeté dans les airs et rattrapé au vol.
L’objectif :
Les Jaseurs boréaux ne sont généralement pas farouches et si vous les approchez lentement sans faire de gestes brusques, vous serez en mesure de les photographier de près. Pour ma part, j’utilise un 500mm ou un 600mm, mais vous obtiendrez de très bons résultats en employant une 300mm avec un multiplicateur 1,4 x, un 100-400mm ou équivalent.
Le trépied et le flash :
Peu importe le poids de votre matériel, je recommande l’emploi d’un trépied et d’un flash. Le trépied vous permettra d’attendre le bon positionnement de l’oiseau sans vous épuiser à soutenir votre matériel. Le flash sera pratique pour déboucher les ombres sur le plumage d’un oiseau, surtout sur ceux qui ne sont pas en périphérie de l’arbre où la lumière peut être plus uniforme.
L’arrière-plan de cette photo étant chargé, j’ai préféré utiliser le collimateur central pour faire la mise au point car il est le plus rapide et le plus réactif. De plus, j’ai sélectionné le mode One Shot sur mon boîtier. En enfonçant le bouton de déclenchement à mi-course, j’ai bloqué la mise au point sur l’oeil du sujet et j’ai recadré l’image. Cette technique est essentielle pour ne pas avoir toujours des photos où l’oiseau est centré.
600mm ; 1/1600 sec, f6,3, ISO 320, flash et Better Beamer, trépied.
Où les trouver :
Pour ceux qui n’ont pas l’opportunité d’avoir des arbres fruitiers dans leur jardin, vous pourrez observer les jaseurs dans plusieurs parcs urbains, surtout en début de saison hivernale lorsque des fruits sont encore disponibles.
Dans la région de Québec, les Jaseurs boréaux fréquentent l’arboretum du Domaine Maizerets. Sur la Rive-Sud de Montréal, ils sont souvent observés au Parc de la Frayère. Sur l’île de Montréal, vous pourrez les observer au Jardin botanique, principalement dans le secteur des Pommetiers.
Ne laissez pas l’hiver mettre un frein à la pratique de votre passion.
Bonne photo !
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