La fin de l’été se pointe déjà et annonce le retour des limicoles. Ceux-ci reviennent de leurs sites de nidification plus au nord et feront des arrêts en bordure du Saint-Laurent. Dès la fin de juillet ou au début d’août, vous observerez des individus de la plupart des espèces s’alimentant sur des vasières.
Certaines espèces comme le Bécasseau semipalmé feront un arrêt de quelques jours, voire quelques semaines, dans un secteur restreint de la baie de Fundy, à Johnson’s Mills et à la pointe Mary, des deux côtés de la baie de Shépody au Nouveau-Brunswick. Pour ma part, je préfère le secteur de Johnson’s Mills.
Les Bécasseaux semipalmés y sont présents chaque année en quantité impressionnante; de 10 000 à 100 00 individus s’y regroupent et s’y alimentent de la crevette Corophium volutator. La présence de ce minuscule invertébré (de la taille d’une fourmi) enfoui dans la vase explique la concentration des bécasseaux et entraîne pour l’observateur, tout comme pour le photographe, un spectacle aérien impressionnant. D’autres espèces sont présentes en moindre quantité (quelques centaines d’individus) : le Bécasseau minuscule, le Bécassin roux, le Tournepierre à collier et le Pluvier argenté.
J’ai eu l’occasion de faire des photos de cette volée de bécasseaux en employant un objectif 800mm f/5,6. L’autofocus de cet objectif est très performant et permet une grande précision. Malgré tout, j’ai préféré utiliser l’ensemble des collimateurs pour suivre ce groupe.
800 mm f/5,6; 1/1600, f/7,1, ISO 400, trépied.
Le ballet des bécasseaux :
J’ai assisté la première fois à ce ballet aérien il y a près de 10 ans. La marée de la Baie de Fundy est reconnue comme l’une des plus puissantes du monde (15 mètres d’amplitude). La faible pente du sol de la baie explique la rapidité à laquelle le niveau de l’eau peut monter. Le secteur qui nous intéresse est situé tout au fond de l’un des bras de cette baie.
Depuis mon premier passage, la violence des éléments a grugé lentement la rive de la baie, causant de graves problèmes d’érosion. La route qui ceinture la baie a dû être déplacée, puisqu’elle menaçait de s’effondrer.
À ma première visite, je me rappelle très bien d’avoir été assis à une table de pique-nique en bordure de l’eau et d’avoir entendu le vol des bécasseaux avant de les voir. La quantité d’oiseaux était suffisamment importante pour faire entendre le bruissement du vent dans les plumes lorsqu’ils changeaient de direction. Il s’agit là d’un autre souvenir impérissable offert par la nature.
Zone de protection :
Depuis quelques années, ce territoire est une zone de protection pour permettre aux limicoles de s’alimenter lors de leur migration automnale. Il est interdit de marcher sur la plage et de déranger les oiseaux. Malgré tout, à quelques reprises, j’ai vu des observateurs munis d’appareils photo compacts tenter d’approcher les bécasseaux. Il est inutile et contre productif de tenter d’approcher les oiseaux car ceux-ci s’éloigneront invariablement.
L’importance de la marée :
Plutôt que d’approcher au risque de déranger les oiseaux, attendez la marée montante car celle-ci les poussera près du rivage et vous serez en mesure de les photographier à loisir. Pour bénéficier des conditions optimales d’ensoleillement, l’idéal est de visiter l’endroit lors d’une marée montante matinale. En après-midi, le soleil sera à contre-jour et les résultats seront moins spectaculaires.
Puisque la marée monte rapidement, je vous suggère d’être sur place de 2 à 3 heures avant la marée haute. À marée basse, les bécasseaux semipalmés seront répartis dans l’ensemble de la baie. Avec le début de la montée des eaux, les oiseaux se regroupent pour former une volée de plus en plus impressionnante. Plus la marée monte, plus le ou les groupes deviennent imposants.
Les rapaces :
Lorsqu’il y a une telle concentration de limicoles, il y a presque invariablement présence d’oiseaux de proie. Il y a quelques années, j’ai photographié 3 Faucons pèlerins chassant de pair. J’ai eu l’impression d’observer une femelle adulte initiant 2 jeunes faucons. Un des faucons pourchassait la volée pendant que les deux autres l’encadraient et attendaient qu’un oiseau quitte la sécurité du vol groupé. Le ballet aérien qui en a résulté était des plus spectaculaires.
Lorsque la volée se déplace, nous observons soit le dos, soit le ventre des oiseaux, selon la direction de vol. Lors d’une poursuite rapide, les bécasseaux changent continuellement de direction, l’on voit changer la teinte de la nuée et le spectacle est mémorable.
Photographier le festival aérien :
Selon la saison et les conditions météo, les bécasseaux seront présents en nombre variable. Il y a un festival du Bécasseau semipalmé et vous pourrez suivre la migration sur leur site Internet.
Les observateurs sont évidemment beaucoup plus nombreux durant la fin de semaine.
En observant les deux photos, on peut observer la différence de coloris du dos et de la poitrine des bécasseaux. L’image qui en résulte est presque abstraite et en utilisant une vitesse plus lente, le résultat pourrait être encore plus artistique.
Pour réussir ces photos, j’ai visité le site à plus d’une reprise. Le passage d’un faucon peut entraîner les bécasseaux de l’autre côté de la baie. La patience est toujours de mise en photo d’oiseaux.
800 mm f/5,6; 1/1600, f/7,1, ISO 400, trépied.
L’objectif :
Pour photographier le ballet des bécasseaux, je vous recommande l’emploi d’un objectif relativement puissant et un boîtier dont l’autofocus est performant. Pour ma part, j’utilise généralement un 500mmm ou 600mm f/4 conjointement à un multiplicateur 1,4x. Vous obtiendrez de bons résultats avec un 400mm monté sur un boîtier avec capteur DX (facteur de multiplication de 1,5x ou 1,6x).
Le mode autofocus :
Pour les oiseaux en vol, je recommande généralement d’utiliser un seul collimateur, soit le central qui est plus précis et plus réactif. Dans le cas d’un ensemble aussi compact qu’une volée de bécasseaux, je recommande, selon la densité du groupe, d’utiliser l’ensemble des collimateurs.
Si le groupe ne comporte que quelques individus, utilisez le collimateur central. Au contraire, si la volée est compacte, utilisez l’ensemble des collimateurs.
L’exposition :
Le ballet aérien peut être très rapide, surtout si les bécasseaux sont pourchassés par un faucon. Pour ne pas créer de flou de bougé involontaire, je recommande l’emploi d’une vitesse minimale de 1/1000 sec., idéalement 1/2000 de sec.
Pour obtenir une profondeur de champ suffisante afin que les oiseaux soient bien nets, je vous suggère d’utiliser une ouverture de f/8. Ajustez la valeur ISO pour obtenir une vitesse rapide et une profondeur de champ adéquate.
Le Pygargue à tête blanche fréquente aussi le site et je l’ai photographié en vol à quelques reprises. Pour cet oiseau majestueux, je vous recommande le collimateur central: l’oiseau est suffisamment imposant pour être suivi avec un seul collimateur.
Bonne photo !
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