Je suis souvent étonné du peu d’attention que portent plusieurs photographes à la lumière. Il s’agit pourtant là de notre matière première et j’ai toujours considéré que photographier, c’est écrire avec la lumière.
Sur le terrain, j’observe souvent des photographes qui font des photos sans se soucier de l’angle de la lumière et qui, par la suite, ne vérifient pas le résultat obtenu sur l’écran arrière de leur boîtier. Leurs photos doivent malheureusement être souvent décevantes. Un des avantages majeurs de l’ère numérique est pourtant de pouvoir visionner nos photos immédiatement après la prise de vue et d’y rémédier s’il y a lieu.
L’angle de la lumière
Si je désire photographier une scène sous une lumière intéressante et obtenir de la texture dans les ombres, je m’assure de me placer à un angle de 15 et 30 degrés par rapport au soleil. Pour bien comprendre, si je suis à contre-jour, je suis à 180 degrés du soleil. Sous une lumière latérale, je serai à 90 degrés du soleil. Pour un angle de 15 et 30 degrés, le soleil ne sera pas derrière moi, mais légèrement décalé sur ma droite ou ma gauche.
Si la lumière est directement dans mon dos, elle n’offrira pas beaucoup de texture. Il ne s’agit pas là d’une règle immuable, mais j’y porte une grande attention lorsque je suis en mesure de me déplacer pour obtenir cet angle.
Le contre-jour
Lorsqu’une rivière ou un accident de terrain ne me permet pas de me positionner comme je le souhaite, j’essaie alors de créer un effet de contre jour qui demande plus de contrôle de la lumière et de l’exposition.
Pour bien gérer un contre-jour, je préfère employer le mode manuel d’exposition. J’aurai ainsi un parfait contrôle de l’exposition. De plus, j’utilise fréquemment des filtres neutres graduels pour équilibrer l’exposition entre le sol et le ciel.
L’alerte de surexposition :
J’amorce presque tous mes cours et conférences en demandant aux participants s’ils utilisent la fonction d’alerte de surexposition. Je suis souvent surpris de me faire répondre que certains d’entre eux l’ont désactivé, puisque l’image clignotait constamment. Il s’agit pourtant là du but de cette fonction, qui nous permet d’être en mesure de déceler toute surexposition sur le champ.
Si une partie de votre image clignote, cela indique qu’elle est surexposée et que vous devez appliquer un ajustement de l’exposition. Évidemment, si vous photographiez un lever ou un coucher de soleil, il est normal qu’une partie clignote. Mais s’il n’y a pas de lumière à contre-jour dans votre cadrage, aucune partie de la photo ne devrait idéalement être surexposée.
J’utilise toujours cette fonction et je vous la recommande fortement, peu importe votre niveau de compréhension et de contrôle de l’exposition.
La richesse de la lumière matinale
La majorité des photographes de paysage sont conscients de la richesse de la lumière matinale et de celle de fin de journée. Malheureusement, tous n’ont pas la discipline pour se lever avant le soleil pour aller capter cette magnifique lumière.
L’avantage de la lumière matinale est qu’après les premières lueurs, il demeure tout à fait possible de faire des photos durant les heures suivantes, ce qui n’est pas le cas en fin de journée.
Le repérage
Lorsque je prévois faire des photos aux premières lueurs de l’aube, je m’assure d’avoir fait précédemment du repérage pour être en mesure de savoir à quel endroit je positionnerai mon trépied. Cela peut faire une difference majeure, surtout s’il s’agit d’un endroit reconnu pour les levers ou les couchers de soleil. Je m’assure aussi d’avoir une lampe frontale pour me déplacer de façon sécuritaire.
Le mode d’enregistrement
J’enregistre toujours mes photos en mode Raw afin d’obtenir une meilleure richesse de couleur et le plus de définition possible. Si vous enregistrez vos photos en mode JPG, assurez-vous de choisir le mode Large/Fine. C’est le mode qui offre le plus de définition. Si vous enregistrez en JPG à basse résolution, vous pourrez loger plus de photos sur vos cartes, mais vous ne serez pas en mesure de les imprimer à une qualité adéquate.
La balance des blancs
En mode Raw, il est toujours possible, lors de la conversion en Tiff, de changer le mode de balance des blancs. Pour ma part, comme je prends entre 40 000 et 75 000 photos par année, je préfère fortement faire le plus d’ajustements possibles à la prise de vue. Cela semble de peu d’intérêt, mais sauver alors quelques secondes par photo représente rapidement plusieurs heures à la fin.
Je préfère donc ajuster la balance des blancs en fonction de la lumière de la scène que je photographie. Si je travaille sous un ciel couvert, je sélectionne le pictogramme nuageux. Si je travaille en plein soleil, j’utilise le pictogramme soleil.
Ces pictogrammes sont rattachés à une température de couleur en degrés (°) Kelvin. Le pictogramme soleil représente 5300° Kelvin et le pictogramme nuageux 6000° Kelvin. Plus le chiffre est élevé, plus votre image sera à dominance chaude, dans les teintes de jaune et de rouge. Inversement, plus le chiffre est petit, plus votre photo sera à dominance froide, dans les teintes bleues. Il est important de bien faire l’ajustement en fonction de la température de la lumière de la scène que vous photographiez. Peu importe votre expérience à évaluer la température de lumière, vous obtiendrez de très bons résultats en n’utilisant que les pictogrammes.
J’ai pris cette série de photos lors de l’atelier au parc national de Grand Teton en 2014. Nous sommes arrivés sur place à 5 h 45, même si le soleil ne se levait qu’à 7 h. Quelques minutes à peine après notre arrivée, plusieurs autres photographes sont arrivés sur le site; comme nous avions repéré à l’avance l’endroit où nous voulions positionner nos trépieds, nous avons été en mesure de faire de très belles photos.
24-70mm f/2,8 II @ 27mm ; 6 sec, f/22, ISO 100, filtre polarisant, trépied, télécommande et niveau.
Les photos ont été prises à quelques minutes d’intervalle et l’on peut voir la qualité de la lumière changer rapidement.
La première photo a été prise à 7 h 04, la deuxième à 7 h 08, la troisième à 7 h 22 et la quatrième à 7 h 37. En observant la montagne avec attention, on constate un changement de couleur important. Sur la première photo, la montagne est rosée, mais le sol est sombre. Sur la deuxième, la montagne est déjà devenue plus terne, mais le sol est mieux éclairé.
24-70mm f/2,8 II @ 27mm ; 6 sec, f/22, ISO 100, filtre polarisant, trépied, télécommande et niveau.
Sur la troisième photo, la montagne n’offre plus le même attrait, mais le sol est bien éclairé, tandis que la quatrième semble beaucoup moins intéressante que les trois premières.
24-70mm f/2,8 II @ 27mm ; 2 sec, f/22, ISO 100, filtre polarisant, trépied, télécommande et niveau.
Si vous ne vous êtes pas levé tôt et que vous n’avez pris que la quatrième photo, vous serez tout de même satisfait; cependant, si vous avez le choix entre les quatre photos, votre photo préférée ne sera probablement pas la quatrième.
Pour ce genre de photo, le goût personnel est bien important, mais cet exemple permet de bien illustrer la différence de qualité de la lumière et l’importance de profiter de la richesse de la lumière matinale.
24-70mm f/2,8 II @ 27mm ; 0,8 sec, f/22, ISO 100, filtre polarisant, trépied, télécommande et niveau.
Pour moi, la richesse de la lumière est primordiale pour obtenir une bonne qualité de photo. N’y a-t-il pas un dicton qui nous rappelle : “l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt”. Au plaisir de vous renconter à l’aube sur le terrain !!
Bonne photo !
Luc Paradis dit
Allô Daniel,
Selon la date retenue, je serais partant pour un safari au Parc Kruger si tu reprends ce voyage ou un équivalent en 2023.
Cordialement merci